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jeudi, 04 juin 2009

Dans Paris, hier soir

J’ai quitté la table, elle était à deux doigts de pleurer, moi aussi. La colère, la connerie, la solitude. Elle, l’impression de ne plus servir à rien ni personne. Moi, celle  de mal servir , les autres et moi-même. Tout était simple auparavant, oui. Quand deux personnes se sentent si seules, comment peuvent-elles s’aider, se comprendre même puisque leurs solitudes, aussi profonde et tortueuse soit-elle, ne reflètent pas le même instant. Elle, son passé heureux. Moi, mon avenir tué à coup de présent battu. Pour la première fois, je suis partie. Comme dans un film pour gauchistes du VIIeme en manque de tout. J’ai croisé le regard de mon père, qui pour la première fois n’a pas tenté de me retenir. Cela n’y aurait rien changé. J’ai marché, j’ai pleuré sur le pont Alexandre III, je suis restée observer, aveugle, l’eau, le ciel et son vent, les lumières qui rassurent le triangle d’or au loin, je suis rentrée, lentement, en prenant des chemins qui m’éviteraient de voir apparaître trop vite mon immeuble. J’ai ouvert la porte de mon appartement, ai retiré l’élastique qui nouait mes cheveux propres, ai croisé volontairement mon visage  vide dans le miroir, me suis allongée en chien de fusil sur le canapé. Pendant une dizaine de minutes, dans le silence, sans bouger, sans même avoir l’impression de respirer. Ou plutôt si, trop. J’ai rallumé mon téléphone,  après avoir laissé sonner le fixe une fois, entendant l’ultime sonnerie qui signifie qu’un message vous a été laissé. Je n’ai toujours pas écouté ce message. Sur mon portable, quatres messages, don’t l’un d’elle.  Après m’avoir dit que j’étais une conne, que mes échecs n’étaient que les conséquences de mes humeurs et que je serai toujours seule, elle me demanda alors de la rappeler. "Je vois que tu ne vas pas bien, je ne sais pas où tu es, si je peux faire quelque chose... rappelle-moi." Je lui envoie un message qui, depuis le départ du restaurant, se tramait quelque part dans mon esprit abandonné au flou, au manque de sens qu’est ma vie aujourd’hui : “je vais bien, ne t’inquiète pas. Je suis désolée. Besoin d’être seule”.

Tout le long du chemin, j’envisageais je crois, de ne plus donner de nouvelles avant longtemps, peut-être même disparaître pour tout le monde. C’est parfois plus simple de croire que la disparition sauve.


Je refuse le seul amour éternel qu’on ne me donnera jamais, je refuse la seule chose don’t j’ai besoin.


Maman, il fallait me dire je t’aime quand tu me tenais encore par la main.

4 mars 2008, 23h08

 

 

 

Ce n'est pas toujours facile d'entendre les autres vous mettre en face de vos échecs. Vous avez déjà la gueule dedans, ils y mettent une sorte de point final. Freelance ce n'est pas sain, sortir comme tu le fais ce n'est pas sain, pleurer pour des hommes qui te quittent ça ne sert à rien, tu vas mal on le sait tous mais on ne peut rien faire.

Alors quoi ? On fait comment ? J'attends ? Je ne sais plus. Courir, mentir ou fuir. C'est pareil. Dans le flou. Plus déstabilisant que le doute, le sentiment de ne pas être douée pour la vie. Je ne demande même pas un don, juste l'impression de ne pas regarder toujours vers le mauvais pôle.