Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 26 octobre 2010

L'heure bleue

gregory_crewdson.jpg

Comme le bois travaille la nuit, je songe et caresse le bruit de mes pensées.

Comme les veines de mon plafond s’agrandissent au passage du métropolitain sous mon immeuble, je retouche à ces convictions miennes qui donnent l'impression, indigeste, parfois, de stagner.

Les paupières étaient lourdes avant minuit, elles le redeviendront à l’aube.

Si j’étais de ces cols blancs dans la rue au petit matin, aurais-je le sommeil plus lourd, plus tôt ?

Si je n’avais pas donné une seconde chance à cet homme, me serais-je endormie avec les poules, la main abandonnée quelque part entre mes cuisses et mon ventre ?

Je cherche de la confusion là où il n’y en a pas, ce soir, cette nuit.

Quand on faisait l’amour, je l’ai trouvé soudain si beau, si rare. D’habitude, je les trouve beaux avant même de leur avoir dit bonjour et adieu ; lui, il m’interpelle, et ça me laisse sans mot, sans conviction.

Même la peur a laissé place à la curiosité spontanée, celle de le revoir, de savoir.

Il est élégant dans son calme apparent ; un autre homme une fois nu. Bestial puis délicat à mesure qu’il apprend à me faire confiance. Je n’en suis pas certaine mais je crois que j’ai peur de me tromper. Peur de ne pas m’autoriser le droit d’aimer celui qui pourrait me correspondre, peur de vouloir m’arrêter à des espèces de règles immatures qui font que notre passé amoureux ressemble à celui-là et pas un autre.

Et puis, divorcé, papa. Encore. Faut-il en faire un constat ? J’aime les hommes plus âgés, j’aime ceux qui redécouvrent la femme et la jeune fille à la fois, j’aime presque lorsqu’il me dit complexer à mes côtés : lui le jeune inexpérimenté, moi la femme qui sait, la femme malgré elle disons-le entre parenthèses.

Un rendez-vous pris après des mois de refus de ma part, et me voilà l’arroseur non pas arrosé mais expulsé de son terrain. J’ai le sentiment de ne pas être maîtresse de la situation, serait-ce à mon tour de trembler ?...

 

Et je me demande toujours, pourrais-je en aimer un comme j'ai voulu l'aimer, Lui. Lui, qui construit sa nouvelle vie, Lui qui détestait le verbe construire au mode sentimental, Lui que je ne peux m'empêcher de comparer aux successeurs. Comparer n'est pas le terme exact, la vérité est pire : je constate les ressemblances. Et elles sont dans certains aspects tellement grossières que ça me laisse perplexe. Pourtant vraiment cette fois, on ne peut pas m'accuser d'avoir cherché un clone, car c'est lui et lui seul qui m'a trouvée. Je me pose trop de questions la nuit, plus que le jour. Demain, j'essaierai un cachet de la plaquette de Sédatifs PC que Laetitia a oubliée en pliant bagages.

Je crois que j'ai très peur d'aimer, d'essayer, de me laisser aller, de ressembler à ces jolies filles dans les années 60 qui aiment des génies au physique loin du tombeur auquel on les aurait volontiers associées. Je comprends aussi qu'à trente ans on regarde beaucoup de choses sous un nouvel angle.

Je tremble, mais c'est parce qu'il est tard, c'est le matin, je tremble parce que mon corps veut dormir. J'aimerais savoir comment on sait qu'on s'attache à quelqu'un pour les bonnes ou les mauvaises raisons.

L'insomnie ne me donnera que des rides et des hommes déçus si un jour ceux-là lisent dans mes pensées. Quoique, pour les pensées, je veux croire que l'homme qui m'est dédié saura m'entendre.

 

"A l'heure bleue, quand les hommes dorment enfin, le ciel enfin respire, les bêtes sont assommées, toi seule tu es dehors car c'est l'heure où tes peurs même sont tout ensommeillées, parce que tu es certaine de ne pas rencontrer de ces gens aux yeux fous, aux yeux comme des puits, où les sources croupissent, qui boivent toute beauté trop vite et les vomissent..."

L'heure bleue, Françoise Breut
podcast

Cette musique et ce silence de la nuit, je m'en souviens maintenant, tout ceci n'est qu'une suite logique.

Bonne nuit à moi, bon matin avec stores fermés à moi, et bon réveil à vous...

Pardonnez cette note, je réfléchis à prendre rendez-vous chez un psychanalyste, ça vous éviterait les phrases trop longues, trop ennuyeuses. Pardon. Pour me faire pardonner, je vous publierai dans la semaine une note musicale avec mes derniers achats (rien de génial, malheureusement, côté nouveautés galettes).

(Je revisionne cet extrait vidéo publié dans la note précédente et j'ai envie. D'une nouvelle nuit. Et même de musique baroque ou de renaissance italienne, même si lui est comme moi, plutôt branché indie. Il est cool, je vous parlerai de lui si ça continue un peu. J'incline la tête tantôt à gauche tantôt à droite, j'ai l'air bien conne comme un chien devant la télé, je ne vous le cache pas.)