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vendredi, 31 octobre 2008

Nous nous aimerons tant dans la difficulté, laissez-moi y croire

Il y a cette scène, dans Fin août début septembre, où François Cluzet regrette de ne rien avoir construit, rien amassé dans sa vie. Pas proprio de son appart, pas d'argent sur son compte, pas de femme, pas de livre à succès. Et Mathieu Amalric qui semble entendre le discours de son ami comme s'il sortait de la bouche d'un étranger.

J'ai l'appartement. J'ai fait aujourd'hui le deuxième chèque d'une somme de 950 euros, ce chèque je vais devoir le faire pendant 15 ans.
C'était la matinée chèques aujourd'hui. 1 348, 34 euros en tout, pour divers services essentiels à ma vie, mon travail et aussi mon plaisir, celui des nuits d'insomnie où de mon lit, dans cet appartement dont une fenêtre ne se ferme pas complètement, parfois après avoir fumé un peu d'herbe populaire, j'ai peur qu'un cambrioleur se faufile et me fasse du mal. Alors ces nuits-là, la nuit dernière était la troisième, j'ai envie de serrer un homme tout contre moi fort, trop fort et lui dire d'aller voir, de me rassurer. Evidemment, je m'endors ensuite et dors comme un bébé - après être retourné dans le salon pour regarder un documentaire d'une heure sur une chaîne du câble où un cuistot anglais arrive à me fasciner dans sa quête de la construction du cheeseburger "gastronomique" parfait (taille du pain, choix des tomates et de leur forme, mixture du ketchup raffiné mais pas snob, découpe de la viande pour la déguster subtilement sans avoir de nerfs coincés entre les dents en croquant dans le burger...).

Mais parfois, comme ce matin, j'ai l'angoisse de savoir que demain sera pénible. Que demain sera difficile. Qu'il va falloir se battre, un peu, peut-être beaucoup. Et dans ces instants-là, où la sensibilité et l'enfance dorée prennent le dessus sur la raison et la niaque, j'ai les yeux qui mouillent et le corps qui devient sec et tremblant.

Je n'écoute plus la radio, le CACa me perturbe, les Français me plombent, le monde accuse le coup et ça file un peu la trouille. Je retourne vers ma vieille bonne collègue iTunes et j'écoute un petit immense Django et me remets à retrouver un corps léger, peu gourmand de solide, affamé de liquide, de tables amicales et de paroles no future optimistes. Just an old sweet song...

Samedi après-midi, après une promenade parmi les brocanteurs du boulevard Voltaire, je pense fumer un bon pétard devant C'eravamo tanto amati (Nous nous sommes tant aimés), le film qu'on devrait sans doute tous regarder ce week-end avec un ami ou un amoureux, en tout cas avec du bon vin, du fromage et des mains qui se frôlent voire plus.